N’ayant rien d’autre à faire, et contemplant le ciel
je tombais pas hasard sur une relique à pneus
mon sang ne fit qu’un tour et j’achetais une bleue
complotant dans ma tête de lui refaire la bielle.
Sitôt dit sitôt fait j’installe la bécane
dans ma sucrée maison qui prends un air garage
et armé de l’outil, de vouloir et de rage
je démantèle l’objet bleu de Motobécane.
Boulons rouillés, clavettes, axes et pédaliers
je plonge tête baissée jusque dans sa culasse
et de là je repars camboué et dégueulasse
écartelant les fourches, plateaux, guidon, poignées.
Enfin lorsque l’engin n’est plus qu’amas d’acier
j’affale mon corps rompu dans un moelleux fauteuil
le crayon dans une main et dans l’autre une feuille
je remonte l’ensemble en dessinant des traits.
La remontée fut longue et parsemée d’obstacles
jurant et grimaçant que c’est la dernière fois
ponçant, grattant vissant à me saigner les doigts
la belle reprenant forme j’admirais le spectacle.
L’explosion cylindrique n’a pas encore eu lieu
mais tout les ingrédients bientôt sont réunis
et fier d’avoir voulu et pu redonner vie
je serais très bientôt transporté par la bleue.
Benoît Serraz, Juillet 2003